Ecrit par Clémence Saycocie
Lors d’une chaude journée du mois de juin, je parcours la Route de la Potasse avec mes collègues, ouverte au public depuis seulement quelques semaines. Oui, moi qui, comme la plupart des ados, avait été tellement réticente à ce genre de sorties. Mais ma soif de découvertes et de voyages a désormais pris le pas. Et qui sait ? Peut-être aurais-je gardé un souvenir impérissable si j’avais rencontré Pauli, cet ancien mineur qui nous a accompagnés au Carreau Joseph-Else à Wittelsheim.
Un – tout petit – peu d’histoire
Découverte en 1904 par Amélie Zurcher et Jean Vogt, la potasse a fait la fortune du Bassin Potassique, au nord-est de Mulhouse, pendant presque un siècle. Ce minerai, surnommé l’or rose, servait principalement dans la composition d’engrais.
Route de la Potasse, première étape !
Nous débutons notre journée au Carreau Joseph-Else à Wittelsheim. Nous sommes accueillis par Roland Ringenbach, ancien ingénieur et Président de l’association Kalivie qui préserve le Carreau, et Paul Didierlaurent, un ancien mineur surnommé Pauli. On se rend vite compte que ce bonhomme de 79 printemps, en pleine forme et bien bâti, est plein d’humour. On commence par le tour des installations du Carreau Joseph Else : un jardin géologique, la collection minéralogique des Mines de Potasse d’Alsace, la plus importante au monde et la salle des pendus, ancien vestiaire des mineurs. Au passage, il salue même les ouvriers polonais qui travaillent sur le dernier puit en fonctionnement qui se trouve juste à côté et qui le connaissent bien. Ça commence bien, on a tous le sourire aux lèvres !

Une vie de mineur
De retour dans la salle des pendus, il nous raconte son expérience et même si c’est émouvant, c’est loin d’être triste !
« Pauli, tu dois te choisir un métier. » C’est avec ces mots qu’en 1956, son papa l’a entraîné dans le monde de la mine, dans lequel il allait passer 40 ans. 10 de plus que la plupart de ses collègues, c’est dire si c’était un passionné ! Alors âgé de 14 ans et convaincu des avantages d’être mineur (ah… l’argent !), il apprend ce dur métier pendant 3 ans. A 17 ans, il embarque pour sa 1ère descente tout au fond de la mine Joseph-Else avec son papa, à 600 mètres de profondeur. Quelle ne fut pas sa surprise de voir tous les mineurs en tenue d’Adam avec une simple paire de savates pour faire le boulot ! Et oui, ici-bas, il fait 50°…

Les blagues, la solidarité et la confiance entre mineurs – « ce qui se passe en bas, reste en bas. » -, les dangers de la mine : c’est tout cela qui rapproche les mineurs. Et c’est tout cela qui va le faire descendre pendant 40 ans. Dans le vestiaire, il refait les anciens gestes à son crochet numéroté, il nous parle du contremaître intransigeant, des mineurs en photo, ses amis parfois disparus dans les accidents miniers. On a envie de verser une larme. La mine, c’est aussi ça. Sa passion l’a même amené à tenter l’expérience de passer 11 jours au fond. Après tout, les chevaux en étaient capables, alors, pourquoi pas Pauli ?
Vous l’aurez compris, Pauli, c’est un vécu, un personnage, un passionné. C’est grâce à des hommes comme lui qu’aujourd’hui, les mines de potasse et leur histoire ont pu être préservées et transmises aux nouvelles générations. A votre tour, passez au Carreau Joseph-Else, lors d’une des visites guidées du mercredi matin et venez faire la rencontre de Pauli ! Vous le saluerez bien de ma part !
Ecoutez Pauli vous parler de son expérience dans la mine :